Quand sera venu le temps
Egon Schiele
Quand sera venu le temps, que la terre me devienne légère,
Je déposerai en contrebas de la falaise aux mille tourments
Cette terre aux sillons rougis enfants sacrifiés sur l’autel
D’humanités engourdies par une haleine putride répandue sur la multitude
Asphalte létale marquant en une identique croix écarlate
Les fausses communes de Dachau et les machettes de Kigali.
Chuchote à nos frères qu’IL n’est jamais obligé d’être égal en toutes choses
Quand sera venu le temps, que la terre me devienne légère,
S’envolera ce voile mien aux couleurs passées de courtisane
Ces doux serments reniés d’absurdité révélée et de nuit
Banquets offerts à la lune grise légèreté de l’étranger au crépuscule
Aubes pâles chantées à l’unisson firmament de nos ennuis
Sanglots étouffés par le silence immaculé du temps qui passe
Chuchote encore à nos frères qu’IL n’est jamais obligé d’être égal en toutes choses
Quand sera venu le temps que la terre me devienne légère,
L’enfant qui a profané le sexe de son père et celui de sa mère
Avant d’étreindre sa nouvelle matrice désormais kalachnikov
Aura dessiné le sang pourpre de devenirs arrachés au commun
Détail volontairement dérisoire d’un continent fiel en dérive
Ivresse de l’horreur exaltée par nos danses macabres.
Chuchote à nos frères que là aussi
IL n’était pas obligé d’être égal en toute chose.
Quand sera venu le temps que la terre me devienne légère
L’instant d’un regard dérobé dans l’antre du ressac des souvenirs
Le poids distant de mon ventre habité Autre Moi désir
Certitude persistante de l’humanité depuis l’aube de partage
Jubilation essentielle d’amour et de lunes
Sera la tendresse unique qui se murmure autour de l’invisible lien d’airain.
Chuchote à nos frères qu’ IL n’est JAMAIS obligé d’être égal en toutes choses.
Lydie Bla